Marielle
01/12/2016
Le 17 novembre 2016 s’est tenu à Bordeaux un colloque consacré au Mentoring soutenu par Cap Mentorat (voir notre article sur cet événement). Jean-Pierre Andrien a rappelé les fondamentaux du mentorat : ses objectifs, ses origines et les applications actuelles. Véritable FAQ du mentorat, cette intervention répond à toutes les questions que vous vous posez sur le sujet.
L’EMCC (European Mentoring & Coaching Council) est la première association de professionnels de l’accompagnement à se préoccuper du « Mentoring ». En France, Il fait l’objet de travaux, depuis 2013, au sein d’une commission animée par Dominique Cancellieri et dont je fais moi-même partie. En avril 2016 l’EMCC a organisé un premier colloque national qui a abordé ce thème. La délégation Aquitaine de l’EMCC a été retenue comme région pilote pour déployer le mentorat, la tenue de cette conférence aujourd’hui en est un des temps forts. C’est le premier événement consacré spécifiquement à ce thème dans le grand Sud Ouest et qui plus est à Bordeaux, ce dont nous sommes fiers !
Pour les anglo-saxons le « mentoring » et le « coaching » sont complémentaires, même si leur objectif diffère. Le coach, de par sa formation, a la capacité de mettre en place des programmes de mentorat et de former des futurs mentors à cette posture d’accompagnement.
Le mentorat est une relation interpersonnelle de soutien, d’échanges et d’apprentissage, dans laquelle une personne d’expérience, « le mentor » investit sa sagesse acquise et son expertise afin de favoriser le développement d’une autre personne « le mentoré » qui a des compétences à acquérir et des objectifs professionnels à atteindre.
Ce mot nous vient de la mythologie grecque ; Mentor était le précepteur de Télémaque, fils d'Ulysse. Lorsqu’Ulysse quitte son royaume pour participer à la guerre de Troie, il confie à Mentor l'éducation de son fils. Mentor devient donc le conseiller de Télémaque, qu'il guide dans ses choix. Plus tard le mot mentorat réapparaît en France au 17ème siècle avec Fénelon qui publie « Les aventures de Télémaque », destiné au petit fils de Louis XIV puis au 18ème siècle dans les Correspondances de Montesquieu et 250 ans après Montesquieu le mentorat est de nouveau à l’honneur en Aquitaine !
Modélisé aux Etats Unis et au Canada à la fin des années 60, il s’est développé dans toutes les sphères de la société : l’éducation, l’enseignement supérieur, l’entreprise et le monde associatif. Il semblerait que les anglo- saxons soient plus ouverts à cette pratique. De ce fait, le mentorat est encore assez méconnu en France et plutôt restreint à la grande entreprise pour l’instant ou à des entreprises de culture anglo-américaine d’où l’intérêt de cette conférence qui permettra de l’ouvrir nous le souhaitons aux petites entreprises qui sont majoritairement présentes sur notre territoire.
Le mentorat est parfois associé ou confondu avec deux autres termes : le tutorat et le parrainage :
o Le tutorat : il est pratiqué la plupart du temps dans le cadre d'un contrat d'apprentissage, il comporte une dimension d'évaluation du tuteur à l'égard de son tutoré qui n'existe pas dans le mentorat.
o Le parrainage : il comporte une notion d’initiation (parrainage civil, de soutien (parrainage électoral), de recommandation. C’est une relation souvent sans formalisation précise.
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Comment définir le mentorat moderne ?
Le Mentor du XXIe siècle répète l’histoire d’Ulysse; on y observe les mêmes caractéristiques fondamentales, un « sachant » soutenant et accompagnant un mentoré pour lui permettre d’évoluer dans ses connaissances, ses savoir faire, sa carrière. Le mentorat incarne des valeurs et se situe au carrefour de pratiques centrées sur la formation continue, les liens intergénérationnels et la transmission des savoirs par le biais d’une relation privilégiée entre deux personnes.
o Elle se développe à long terme (six mois à deux ans), suffisamment pour :
o faciliter le vécu des transitions personnelles et professionnelles,
o favoriser la réalisation de soi
o contribuer au développement des deux personnes impliquées.
Ils sont étendus et diversifiés :
o Le mentorat peut être pratiqué soit au sein d'une organisation publique ou privée (administration ou entreprise), sous la forme d'un programme interne formalisé,
o soit à l'extérieur de toute organisation, entre particuliers, entrepreneurs, associations, sous la forme d'un contrat formel ou tacite…
o Il peut être destiné aussi bien aux cadres à haut potentiel qu'aux employés, aux jeunes, aux adultes, aux seniors...
Voici quelques exemples de champs d’application :
o Développement des compétences professionnelles et comportementales
o Orientation et réorientation professionnelle
o intégration et prise de fonction
o brassage de cultures lors de fusion d’entreprises
o Promotion de la diversité
o Coopération intergénérationnelle
o Création d'entreprise
o Accompagnement à la retraite, etc.
Pour ne citer que les principales applications.
Le mentorat est donc un formidable levier pour favoriser l’entraide et la coopération au sein des organisations et la cohésion entre les salariés. Il se situe bien au-delà d’une relation duelle. Il est complémentaire de programmes de formation (sans s’y substituer), il participe à une dynamique globale qui favorise la création et le développement de réseaux d’échanges. Le mentorat constitue de ce fait un formidable atout pour le management et un levier au service de la performance collective en entreprise.
Mais sa réussite nécessite de l’encadrer par des règles éthiques définies. Sa mise en œuvre en entreprise requiert la mise en place d’un réel programme structuré comprenant un cadre et des objectifs précis.
Jean-Pierre ANDRIEN est membre de la commission mentorat de l’EMCC France et responsable du mentorat de la délégation Aquitaine de l’EMCC